Wingfoil Intermédiaire: Comment apprendre à surfer la houle ?
La principale raison qu’on entend lorsqu’on demande à nos clients pourquoi avoir fait le saut au wingfoil est la possibilité (voir le rêve !) d’un jour surfer la houle à l’infini.
Cet article s’adresse donc aux riders ayant déjà débuté leur parcours en wingfoil et qui croient être prêts à passer au prochain niveau.
Une fois les bases maîtrisées (waterstart, navigation au près et au largue, transitions), une nouvelle étape s’ouvre à vous, chers intermédiaires : apprendre à surfer la houle sans utiliser l’aile comme propulsion principale.
C’est une étape clé, car elle marque le passage du simple vol à une véritable lecture de l’océan (voir lacs, rivières et fleuves chez nous !), de ses mouvements, et à l’utilisation du foil pour glisser de vague en vague. Voici un guide complet pour comprendre, progresser et maîtriser le surf de houle en wingfoil.
1. La lecture de la houle : Tout débute ici
Avant de pouvoir surfer la houle, il faut apprendre à la lire.
La houle est une succession d’ondes générées par le vent à des centaines, voire des milliers de kilomètres. Contrairement aux vagues de bord (déferlantes), elle ne casse pas forcément, mais se propage sous forme de bosses douces sur l’eau.
Pour le wingfoil, ce sont ces ondulations que l’on recherche. Elles offrent un terrain de jeu incroyable car elles peuvent être surfées sans qu’elles ne déferlent, simplement en utilisant l’énergie cinétique qu’elles transportent.
Les chutes sont donc beaucoup moins risquées que lorsqu’on surf des vagues déferlantes (un break).
Les bons repères :
- Une houle longue (période > 8 secondes) est plus facile à surfer car elle génère plus de portance pour le foil. Malheureusement, nos houles locales du Québec sont de courtes périodes, ce qui obligent une lecture plus attentive et proactive.
- Une orientation de houle alignée avec le vent side ou side-off est idéale pour se positionner facilement sans dériver sous le vent. Encore une fois, la majorité des conditions du Québec préconisent un vent onshore ou side-onshore, ce qui force une gestion plus active de l’aile en position neutre.
2. Choisir le bon matériel
À un niveau intermédiaire, le choix du matériel devient déterminant.
Le foil:
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Surface : Un foil de grande surface (1200–1500 cm²) est plus tolérant et offre une bonne portance, idéal pour capter les petites houles. Il vaut souvent mieux sacrifier un peu de vitesse pour un peu plus de stabilité et de portance à basse vitesse lorsqu’on débute.
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Ratio : Un foil à haut ratio (high aspect) permet de meilleures glisses et transitions entre les bumps. Nous recommandons un aspect ratio minimal de 6 pour tenter de surfer la houle.
- Mât : Un mât de 80 à 90 cm permet de passer au-dessus du clapot et de rester stable dans la houle. Un mât sous les 80 centimètres permettra des virages plus serrés et rapides, mais il sera beaucoup moins confortable lors de la navigation au près en plus d’offrir moins de marge de manœuvre à haute vitesse (overfoil).
La planche :
- Moins volumineuse que pour débuter (entre 60 et 90 L selon votre gabarit), elle doit offrir un bon équilibre tout en étant suffisamment agile pour manœuvrer dans la houle.
- Truc de pro : L’apparition des planches de type Midlength (plus élancées et étroites) permet de réduire la taille de la wing, ce qui facilite sa gestion lorsqu’elle est tenue en position neutre.
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L’aile (wing) :
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Elle devient secondaire : son rôle est de vous amener jusqu’à la houle et de rester neutre (en drapeau) pendant que vous surfez. Privilégiez une aile stable et légère, facile à "lâcher".
- Truc de pro : C’est à ce niveau que les wings conçues avec un matériel hyper léger (Voir Aluula, Dyneema, etc.) prennent surtout leur sens. Leur prix élevé est d’avantage justifié lorsqu’elles sont utilisées dans des conditions de vagues surtout avec du vent onshore comme on a si souvent au Québec.
3. Travailler la position et le lâcher de l’aile
L’un des aspects les plus techniques à apprendre est de lâcher l’aile et de la mettre en position neutre pour ne garder que le contrôle de la planche et du foil.
Conseils pratiques:
- Pratiquez la manœuvre du lâchement et la reprise de l’aile sur terre plusieurs fois avant de vous lancer. Vous vous sauverez assurément quelques plonges.
- Avant d'agripper la poignée neutre ( situé au bout du nez de l'aile), faites vos premières tentatives en tenant la poignée avant de la wing avec votre main arrière. Ceci vous permettra de passer du mode "neutre" au mode "puissance" plus rapidement.
- Gardez une position basse, centrée, pour bien sentir les mouvements de la houle.
- Évitez de trop appuyer sur l’avant de la planche : laissez le foil porter et guidez-le avec finesse.
Ce moment est magique : vous sentez que vous glissez sans bruit, sans traction, porté uniquement par la houle et le foil. C’est là que commence véritablement le surf en wingfoil!
4. Se positionner sur la houle
Surfer la houle demande une bonne lecture du plan d’eau et un positionnement précis.
Repérage :
- Cherchez des lignes régulières, qui se déplacent dans la direction du vent ou légèrement de travers.
- Anticipez : dès que vous voyez une bosse se former, mettez-vous dans sa trajectoire et prenez de la vitesse pour l’attraper.
Technique:
- À l’approche de la houle, piquez légèrement vers le bas de la vague pour accélérer.
- Une fois embarqué par la houle, relâchez l’aile, équilibrez votre poids et laissez le foil glisser.
- Orientez-vous légèrement diagonalement, en "bottom turn", pour garder l’accélération.
- Truc de pro : Les vagues voyagent souvent en ensembles (sets). Lorsque vous repérez un ensemble approchant, priorisez toujours les dernières vagues. Ce sont elles qui vous offriront la surface de glisse la plus grande et, par conséquent, les « rides » les plus longues.
5. Enchaîner les bumps : le « downwind foil »
Une fois que vous maîtrisez le surf d’une houle, vous pouvez apprendre à enchaîner les bumps : c’est le début du downwind foil, une discipline à part entière.
Le principe est de surfer de vague en vague, sans utiliser l’aile pour se relancer. Il faut donc savoir:
- Garder la vitesse entre deux ondes.
- Savoir comment « pumper » le foil pour traverser les creux.
- Anticiper les trajectoires et corriger avec le corps et le foil (non plus avec l’aile).
Ce jeu de transitions crée une sensation de glisse infinie, fluide, et presque silencieuse. C’est aussi l’un des aspects les plus techniques du wingfoil.
6. Travailler le pumping du foil
Le pumping est une technique indispensable pour rester en vol entre deux houles.
Cela consiste à donner de petits coups d’impulsion avec les jambes et le poids du corps, en synchronisation avec le foil, pour régénérer de la vitesse.
Conseils:
- Pratiquez d’abord en conditions plates, sans aile.
- Travaillez le pompage synchronisé : extension jambes – flexion – transfert d’avant en arrière.
- Ne pompez pas trop fort : le secret est dans la fluidité, pas la puissance.
7. Progresser étape par étape
Le surf de houle en wingfoil est un processus progressif. Ne brûlez pas les étapes :
- Commencez par suivre la houle avec l’aile encore active.
- Ensuite, testez des petits lâchers de l’aile, sur de courtes distances. Prenez la poignée avant de la wing avec la main arrière pour vos premiers relâchements.
- Allongez progressivement vos surfs en laçant complètement l’aile.
- Enfin, entraînez-vous à enchaîner plusieurs houles, en mode downwind.
Chaque étape vous rapproche d’une navigation libre et intuitive, où la mer devient un terrain de jeu tridimensionnel.
8. Sécurité et conditions idéales
N’oubliez jamais que surfer la houle, souvent au large, demande vigilance et autonomie.
Sécurité :
- Portez un gilet ou impact vest, et idéalement une VHF ou un téléphone étanche.
- Naviguez avec des partenaires ou sur des zones surveillées.
- Vérifiez la météo : le vent ne doit pas faiblir trop vite (risque de rester au large sans propulsion).
- Portez un CASQUE ! Dévaler la houle à toute vitesse entraîne parfois des chutes spectaculaires. Nous avons vu plusieurs fois une planche culbuter de sorte que son foil ressorte complètement de l’eau pour ensuite venir frapper la wing ou parfois même le rider « tomahawk style » .
Conditions idéales pour débuter :
- Vent modéré (15–20 nœuds), orienté side ou side-off.
- Entrée à l'eau à l'abris des vagues et une sortie potentielle sous le vent
- Espace libre, sans trop de baigneurs ni d’obstacles.
Pour finir
Surfer la houle en wingfoil est l’un des plaisirs ultimes de cette discipline. Cela demande de la technique, de la patience et une bonne lecture du plan d’eau. Mais une fois cette compétence acquise, elle transforme votre expérience de navigation. Vous ne vous contentez plus de voler : vous jouez avec le plan d'eau, en vous connectant à son rythme, en glissant d’onde en onde, libre et léger.
Alors, prenez votre temps, observez, ressentez… et laissez-vous porter par la houle !